- bayadère
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• 1782; balliadère 1770; port. bailadeira, de bailar « danser »1 ♦ Danseuse sacrée de l'Inde.2 ♦ Par appos. Tissu bayadère, à larges rayures multicolores dans le sens de la chaîne.bayadèren. f. Danseuse indienne.|| (En appos.) étoffe bayadère, à raies multicolores.⇒BAYADÈRE, subst. fém. et adj.A.— Subst. Danseuse sacrée hindoue :• 1. Ce jour-là, ils célébraient une sorte de carnaval religieux, avec processions et divertissements, dans lesquels figuraient des bayadères vêtues de gazes roses brochées d'or et d'argent, qui, au son des violes et au bruit des tam-tams, dansaient merveilleusement, ...VERNE, Le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 45.— P. compar. :• 2. Le Volcanéria distillait la chaleur vineuse de ses touffes par effluves aussi jolies que ses fleurs, ces bayadères de la botanique...BALZAC, Œuvres diverses, t. 3, 1850, p. 468.— P. ext. Danseuse professionnelle de spectacle :• 3. Un bon quart d'heure durant vingt bayadères londoniennes se démenaient en mélodies et bacchanales impétueuses pour me convaincre soi-disant de la réalité de leurs attraits.CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 439.♦ Péj. Faire la bayadère :• 4. N'est-ce pas près de l'Académie royale de Musique, et non loin de ce boulevard [des Italiens], que de charmantes bayadères affriandent tous les soirs les élégants de Coblentz et de Gand?BALZAC, Œuvres diverses, t. 1, 1850, p. 154.• 5. JULIETTE. — Je ne suis pas née pour griffonner du papier ... ça casse la tête! mais je suis née pour m'amuser ... je veux mener une vie de bayadère! ...P. DE KOCK, Ni jamais, ni toujours, 1835, p. 72.B.— Emploi en appos., avec valeur d'adj, MODES. Drap, étoffe, tissu bayadère. Étoffe en soie, en coton ou en aine à larges rayures multicolores :• 6. Le soir, Sylvie, dans une jupe de satin bayadère et un pull décolleté noir ... parlait fleurs et raisins...Elle, 16 juill. 1951, p. 20.♦ Robe bayadère :• 7. Pour les toilettes habillées, on prend les plus riches étoffes brochées, ... les taffetas glacés de couleur claire, et les robes bayadères, à grands volants, qui sont tout à fait redevenues en faveur.J. LORMEAU, Modes, Journal des Femmes, mai 1849, p. 158.PRONONC. ET ORTH. :[
]. Plusieurs aut. présentent ce mot comme une exception à la règle qu'entre voyelles y vaut 2 i, ,,dont le second se prononce [j], tandis que le premier n'est pas prononcé, mais altère la voyelle précédente`` (KAMM. 1964, p. 121), p. ex. payer [pai-ier]; voir de façon analogue pays, où le 2e i forme syll. Bayadère, ainsi que batayole, fayot, mayonnaise, etc., échappent à la règle en ce que l'y s'y prononce simplement [j]. LAB. 1881, p. 15 critique la formulation trop gén. de LITTRÉ.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1638 balhadera « danseuse professionnelle de l'Inde » (Hist. de la navigation de J. H. de Linschsten Hollandais aux Indes Orientales, Amsterdam dans Fr. mod., t. 9, 1941, pp. 46-47 : Canarin avec sa femme et leurs enfants, ensemble le Lascarin et la Balhadera); 1770 balliadère (G.-TH. RAYNAL, Hist. philos. des Indes, Amsterdam, 1772-74, II, 29 dans BRUNOT, t. 6, 2e part., p. 1239 : Il y avoit à Surate un autre genre de délices [...] c'étoient des danseuses ou balliadères, nom que les Européens leur ont toujours donné d'après les Portugais); 1782 bayadère (SONNERAT, Voyage aux Indes orientales et à la Chine, I, p. 40 sqq. d'apr. E. RICHTER, Volkstum und Kultur der Romanen, t. 5, 1932, pp. 10-11 : Surate est renommée par ses Bayadères dont le véritable nom est Dévédassi [en it. dans le texte] : celui de Bayadères [id.] que nous leur donnons, vient du mot Balladeiras [id.] que signifie en Portugais Danseuses).Empr. d'abord par l'intermédiaire d'un texte néerl., au port. balhadeira « id. » (dep. 1577, Primor e Honra da Vida Soldadesca no Estado da India, Lisboa 1630, fl. 9 dans DALG. t. 1, s.v. bailadeira), d'abord bailhadeyra (dep. 1525, Chronica dos Reys de Bisnaga, Lisboa 1897, p. 100, ibid.), dér. de balhar, forme dial. de bailar « danser » (d'apr. E. RICHTER, loc. cit., p. 4; v. MACH. t. 1 1967, s.v. bailadeira, et baller 1). Le fr. est à l'orig. des autres lang. européennes (all. Bajadere, angl. bayadere, ital, baiadèra, esp. bayadera). V. E. RICHTER, Volkstum und Kultur der Romanen, t. 5, 1932, pp. 1-20; id., ibid., t. 6, 1933, p. 188; L. SPITZER, ibid., p. 169; C. TAGLIAVINI, ibid., pp. 166-169.STAT. — Fréq. abs. littér. :58.BBG. — SPITZER (L.). Notizen zu Bayadère. Volkstum und Kultur der Romanen. 1933, t. 6, p. 169. — TAGLIAVINI (C.). A Proposito di bayadère. Ibid., pp. 166-169.bayadère [bajadɛʀ] n. f.ÉTYM. 1782; 1770, balliadère, 1638, balhadera; du port. bailadeira, de bailar « danser », du lat. ballare. → Bal.❖1 Danseuse sacrée de l'Inde, et, par ext., danseuse d'autres pays orientaux.1 (…) les bayadères vêtues de gaze d'or, accompagnent leurs danses du son des anneaux dont leurs cous, leurs bras et leurs jambes sont ornés.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 6.2 Viens, nous verrons danser les jeunes bayadères (…)Hugo, Ballades, 15.3 Ce jour-là, ils célébraient une sorte de carnaval religieux, avec processions et divertissements, dans lesquels figuraient des bayadères vêtues de gazes roses brochées d'or et d'argent, qui, au son des violes et au bruit des tam-tams, dansaient merveilleusement, et avec une décence parfaite, d'ailleurs.J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 66.4 Une jeune fille vêtue en bayadère, large pantalon flottant et voiles de mousseline à la Loïe Fuller, en train de danser éperdument, la tête jetée en arrière et une jambe lancée vers le plafond.J. Green, Journal 1966-1972 (Ce qui reste de jour), 4 oct. 1968, p. 121.♦ Vx. Danseuse professionnelle.2 Par appos. (invar.). || Tissu bayadère : étoffe rayée multicolore. ⇒ Mille-raies. || Des robes bayadère, faites avec ce tissu. — Adj. (accordé en nombre).5 Une forêt surgit soudain près de l'Opéra, sous les arbres de fer de laquelle on vendait des étoffes bayadères.Aragon, Anicet, p. 12.
Encyclopédie Universelle. 2012.